Le ah! ah! d'une jeune francophone

Publié le 17 novembre 2008

Prix Roger-Champagne
Un heureux hasard l'a conduite à la tête des jeunes francos du Canada

 

Saint-Jean - Fille d'un couple exogame, à 14 ans, elle ne sait même pas qu'il y a, ici à Saint-Jean, une communauté francophone. Ses parents sont séparés. Elle parle français avec son père, c'est tout. Aujourd'hui, à 21 ans, Guillianne Beaulieu est le récipiendaire du prix Roger-Champagne, décerné à la personnalité francophone de l'année de Terre-Neuve-et-Labrador.

Rien ne destinait cette jeune terre-neuvienne à devenir en novembre 2007, vice-présidente de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador et en septembre 2008, vice-présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française et à recevoir le prix Roger-Champagne, décerné à la personnalité de l'année de la francophonie de la province.

Sa sœur qui fréquente comme elle une école anglophone, l'informe qu'on recherche des jeunes sportifs de langue française pour participer aux jeux de la francophonie qui se tenaient à Rivière-du-Loup, au Québec, en 2002. Elle est une adepte du ballon volant et se dit pourquoi pas un petit voyage au Québec. Ces jeux vont changer sa vie. Elle y redécouvre son identité profonde.

Étudiante à l'Université Memorial en sciences politiques, elle devient l'âme et un leader des francophones de la province et du Canada à son retour de ces jeux. « C'est la culture francophone qui m'a séduite. Avec ma mère, avec ma sœur, je parle anglais. Mes amis sont anglophones, ici à Saint-Jean, mais ma passion, mon pays identitaire, c'est le français. Ma culture, c'est la nourriture de mon âme, de mon identité » nous dira-t-elle lors d'une brève rencontre après avoir reçu le prix Roger-Champagne.

« Dans la vie de tous les jeunes francophones de la province, nous confiera-t-elle, arrive un moment ah! ah! Je suis de culture et de langue françaises. Si un jeune terre-neuvien ou labradorien ne saisit pas ce moment, ce ah!ah! je suis francophone, il s'assimile. Il perd cet héritage. Je suis différente même si je peux vivre sans difficulté en anglais dans cette ville et cette province. Mais moi, j'ai un plus, j'ai deux langues et deux cultures. C'est une richesse personnelle et cela m'ouvre des fenêtres sur le monde et sur le marché de l'emploi. »

Guillianne Beaulieu entreprendra l'an prochain sa maîtrise en sciences politiques. Elle veut consacrer tout son temps à ses études mais avoue que ses amis francophones d'ici, du Labrador, de la péninsule de Port-au-Port et de partout au Canada lui manquent énormément.

« Mes amis à l'Université Memorial sont maintenant habitués à toutes mes activités avec les francophones de Saint-Jean et du Canada. Il me trouve bizarre. Mais ils savent maintenant que ma culture et ma langue me sont aussi essentielles que l'eau et l'air le sont à la vie. Je veux faire ma vie, ici, à Terre-Neuve. Je la ferai en français si je veux être heureuse et c'est en français que je peux l'être» me dira-t-elle en conclusion de notre rencontre.

 

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