CETTE RASSURANTE
LANGUE MATERNELLE

 

PINOS MPIANA

MÉDECIN DE FAMILLE

Enfant, le Dr Pinos Mpiana voulait devenir pilote d'avion. C'est plutôt la médecine qui a entraîné ce francophone natif du Congo-Kinshasa dans de longs déplacements. Avant de s'établir à Terre-Neuve-et- Labrador, il a d'abord soigné des patients dans son pays natal et en Afrique du Sud.

Ancienne colonie belge, le Congo-Kinshasa, plus communément appelé aujourd'hui la République démocratique du Congo, est le pays qui compte le plus de locuteurs francophones au monde, après la France. Le Dr Mpiana y a fait ses études en médecine et y a commencé sa pratique en français, tout en servant également ses patients en lingala, une des quatre langues officielles de son pays natal.

Avide de découvertes, il met le cap quatre ans plus tard sur l'Afrique du Sud et y prodigue des soins pendant 11 ans. « Même si l'apartheid avait officiellement pris fin, j'ai commencé à ne plus me sentir en sécurité. J'ai alors cherché un autre endroit pour vivre et travailler. Quand j'ai pris connaissance d'une annonce de recherche de médecins par Central Health dans une publication sud-africaine, j'ai posé ma candidature », raconte-t-il. Si ces cours de géographie lui avaient permis de savoir où se trouvait le Canada, il n'avait jamais entendu parler de Terre-Neuve. « Sur une carte du monde, c'était une petite île... », fait-il remarquer.

Il fait le saut, d'abord en éclaireur, pour amorcer sa pratique terre-neuvienne à Botwood, dans la région de la baie Notre-Dame. Deux mois et demi après son arrivée, sa décision de rester est prise : son épouse et leurs trois jeunes enfants viennent le rejoindre. « Terre-Neuve est maintenant notre terre », résume-t-il.

Son premier choc est linguistique. Même s'il parle très bien l'anglais, il n'arrive pas à comprendre ses patients qui eux, ont peine à saisir son accent sud-africain. « Mes patients disaient que je parlais un mauvais anglais. Je leur disais, à la blague, qu'ils parlaient un mauvais anglais…J'ai dû recourir à un interprète pendant plus d'un an avant de les comprendre et qu'ils me comprennent », se remémore-t-il en riant.

Cette expérience a renforcé sa conviction de l'importance des communications entre les patients et les professionnels de santé dans leur langue maternelle. « Quand le patient peut s'expliquer directement, sans le mur créé par la présence d'un interprète, il se sent plus confortable, il est rassuré », dit-il.

Après Botwood, il pratique à Baie Verte, puis, en 2008, il prend la direction de la capitale. Il tient aujourd'hui clinique au 282, chemin LeMarchant. S'il accepte encorede nouveaux patients à la recherche d'un médecin de famille et accueille les francophones à bras ouverts, il refuse toutefois de prendre en charge les utilisateurs d'opioïdes, de stimulants, de benzodiazépines ou autres molécules du même genre. « Quand des gens en consomment déjà, je les encourage à poursuivre avec leur médecin traitant », explique-t-il.

Les réserves de Dr Mpiana à prescrire ces substances viennent aussi du fait qu'ils créent des dépendances et aussi que certains en font commerce. « La mise en place, dans la province, du système centralisé d'information sur les prescriptions Pharmacy Network permet maintenant d'éviter les abus », se réjouit-il.

Même si la majorité de sa vie au travail est en anglais, les conversations à la maison se déroulent en français et en lingala, cette langue de son pays natal qu'il tient aussi à transmettre à ses enfants, tout comme l'alimentation de son enfance « beaucoup moins salée et moins sucrée » que celle de la grande île où il a pris racine.

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